6°) La naissance du Lisa

 

A cette même époque, en 1979, Apple cherchait un appui financier (son introduction en bourse ne devait intervenir que l'année suivante) auprès d'une compagnie, si possible bien placée sur le marché de la bureautique. Apple développait alors deux prototypes : le Lisa et le Macintosh. Les deux projets faisaient partie de la gamme Apple, et ne signifiaient pas la mort de la gamme Apple II : lui succèderent l'Apple II+, L'Apple IIe, puis l'Apple IIc, le dernier fut l'Apple IIgs, bien après la sortie des successeurs du premier Macintosh. Les nouveaux Apple ne portèrent pas le nom d'Apple III, pour éviter de rappeler de trop mauvais souvenirs aux utilisateurs... Le Macintosh et le Lisa s'inspiraient des recherches entreprises au PARC, la réalisation du premier étant soutenue par Steve Jobs, et la deuxième par Raskin. Steve Jobs travaillait donc sur les plans du Lisa, mais sans vouloir visiter les laboratoire du PARC, très confiant dans les capacités novatrices d'Apple. En décembre 1979, les deux prototypes du Lisa, certes bien pratiques mais totalement dénués d'imagination, ne satisfaisaient toujours pas Jobs. C'est à ce moment qu'intervint l'entrée en bourse d'Apple, le 12 décembre 1980, chaque action coûtant 22 $.

Apple n'avait jusqu'alors donné d'actions ou de parts qu'à ses employés. L'entrée en bourse, faisant augmenter le capital total d'Apple de 100 millions de dollars, transforma, du jour au lendemain, des douzaines d'employés d'Apple - la plupart âgés de moins de 30 ans - en millionnaires. Les porsches et autres voitures de luxe envahirent les parkings de la société. Un employé eut même la bonne idée de se faire fabriquer pour sa voiture une plaque d'immatriculation arborant un "Merci Apple !"... Mais cette entrée en bourse ne manqua pas de créer quelques dissensions entre les employés d'Apple, car certains avaient profité de l'occasion pour racheter des parts à très bas prix à leurs collègues, empochant des millions de dollars, pendant que certains autres, ayant donné leurs parts sans réfléchir, se retrouvaient alors avec leur salaire normal, sans profiter de l'augmentation de capital d'Apple. Cette rapide extension avait conduit Apple à engager du personnel supplémentaire, puis à licencier une quarantaine d'ingénieurs ; le moral de tous en fut affecté. Hormis ces incidents, l'optimisme était général chez Apple : l'avenir était prometteur. Steve Jobs fit d'une pierre deux coups : il fit acheter à Xerox un million de dollars d'actions Apple, et Xerox acceptait de lever le voile sur ses recherches. La presse avait en effet rapporté qu'il se concevait de grandes choses au PARC, et Jobs décida d'aller voir ça de plus près... Il se rendit donc au PARC, accompagné par Bill Atkinson (un spécialiste du graphisme chez Apple, et futur créateur d'HyperCard), et de plusieurs membres de l'équipe Lisa.

La personne chargée de faire visiter le laboratoire à l'équipe d'Apple déclara quelques années après qu'elle avait refusé d'effectuer cette démonstration à moins d'y être obligée. Elle avait prévenu ses supérieurs qu'ils étaient en train de jeter par la fenêtre l'avancée technologique la plus importante de la décennie. Elle effectua pourtant la démonstration, contrainte et forcée, et l'équipe d'Apple fut réellement impressionnée. Ils adorèrent les icones et la souris, avec laquelle on peut donner des ordres. Jobs décida qu'Apple construirait l'Alto du peuple. Quelques mois plus tard, 20 employés de Xerox travaillaient chez Apple, parmi les 200 informaticiens composant l'équipe Lisa. Dans ce groupe se trouvait Bill Atkinson, qui réalisa toutes les routines graphiques du Lisa, base de toutes les capacités d'affichage de l'ordinateur.

 

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