6°) Enfin de la nouveauté...

Malgré ces annonces optimistes, Gil Amelio est remercié le 9 juillet 1997, discrètement, empochant 50 millions de dollars... Steve Jobs peut alors commencer à travailler comme il l'entend... Il refuse le poste de PDG d'Apple, mais il a des pouvoirs largement suffisants pour faire ce qu'il veut. Et, lors de la MacWorld Expo de Boston, Steve Jobs annonce qu'il a conclu pour Apple un accord avec un grand acteur du marché informatique. Dans la salle de conférences, on se creuse... Sun ? Oracle ? Netscape ?... La réponse est toute autre : Microsoft. Et, quand Bill Gates apparaît sur un écran géant surmontant l'estrade où Steve Jobs tenait son discours, un court instant de silence, d'incompréhension, puis une bordée de sifflets accueille celui que les Macmaniaques ont surnommé Dark Vador, ou l'antéchrist... Bill Gates annonce alors l'achat de 150 millions de dollars d'actions Apple, soit 6% du capital d'Apple. Heureusement, ces actions ne sont pas accompagnées du droit de vote ! En échange de cet apport de capitaux, Apple autorise Microsoft à utiliser toutes les technologies brevetées par Apple, et les technologies qui le seront dans les cinq années suivantes... Microsoft, lui, est tenu de supporter la version Mac de Office, son pack de logiciels vedettes. Pour compenser l'arrivée de Microsoft chez Apple, Steve Jobs a quand même mis en place un nouveau conseil d'administration où siège Larry Ellison, ennemi juré de Bill Gates et patron d'Oracle. Pour la presse, cet accord est une aubaine.

En pleine période de vacances, où les journalistes ne savent pas quoi se mettre sous la dent, un tel évènement ne passe pas inaperçu : "Microsoft rachète Apple", "Prise de pouvoir de Microsoft sur Apple" et autres titres font les choux gras de la presse, y compris le Time qui en fait même sa une... L'annonce de l'accord Apple/Microsoft rassure Wall Street, et l'action d'Apple fait un bond de 30%, atteignant... 26$. En même temps que cette annonce "fracassante", Apple lance son nouveau système d'exploitation, le dernier entièrement préparé en interne. Sous le nom de MacOS 8, il n'apporte pas de véritable changement technologique : il permet la copie en tâche de fond (Finder multithread), et une interface utilisateur revue, à la Copland. MacOS 8 va permettre à Steve Jobs de fermer définitivement les portes du Macintosh aux cloneurs. Les licences ne portaient effectivement que sur les sytèmes 7.x. En renommant le système 7.7 en 8.0, il oblige les cloneurs à réinvestir dans l'achat des licences. Et le prix énormes proposé par Jobs fait reculer la plupart des cloneurs, dont Motorola. Seul Umax obtient une nouvelle licence.

 

Apple rachète PowerComputing, qui avait déjà pu établir un réseau de vente qui va permettre à Apple d'élargir son horizon, notamment en créant l'AppleStore, site de vente en direct de Macs sur Internet. Pour se rappeler aux bons souvenirs du public, Apple lance une campagne de pubs digne de 1984, avec notamment un spot publicitaire, "Think different", en noir et blanc, où l'on voit défiler les visages des grands de ce siècle (Einstein, Picasso, Callas ou Gandhi), sur un thème habituel chez Apple : "Seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu'ils peuvent changer le monde y parviennent". Cette campagne télévisée est appuyée aux USA et dans les grandes villes par une campagne d'affichage, utilisant des affiches géantes (aux USA) ou les kiosques à journaux (à Paris). MacOS 8 est en quelque sorte un système de passage, en attendant le système véritablement nouveau et développé avec les technologies NeXT. Nom de code : Rhapsody. Une première version de démonstration, pour les développeurs, est d'ailleurs disponible dès la mi-97, preuve que, pour une fois, Apple est capable de respecter un planning...

Quelques semaines après Mac OS 8 (ne l'appelez pas Système 8, car le préfixe "système" rappelle trop les déboires du système 7...), Apple lance une nouvelle gamme d'ordinateurs, les G3, des ordinateurs utilisant un nouveau processeur de Motorola, le PowerPC 750, ou "Arthur". Les capacités de ce processeur, multipliées par un nouveau bus à 60 Mhz au lieu des 40 habituels rendent cet ordinateur aussi rapides que ces prédécesseurs, qui affichaient pourtant des fréquences beaucoup plus élevées (le G3/266 va plus vite que le 9600/350...), pour un prix bien plus bas (15.000 francs pour un G3 au lieu des 30.000 du 9600...).

 

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